Le Soleil (journaliste : Jean-Michel Genois Gagnon) 13 février 2014
(Québec) S’épanouir à l’échelle internationale peut paraître un projet titanesque pour une PME. Certes, le défi est de taille, mais avec de la volonté et une bonne préparation, les marchés étrangers ne sont pas si fermés pour les entreprises québécoises.
La tendance observée au cours des dernières années montre que les PME parviennent de plus en plus à se tailler une place sur les marchés étrangers, a soutenu Sophie Veilleux, professeure adjointe à l’Université Laval lors d’une conférence sur le développement des marchés extérieurs dans le cadre de l’évènement Alliance Monde Polymère 2014. «Ce que l’on souhaite très fort, c’est que cette tendance atteigne les PME québécoises. Malheureusement, pour l’instant, les PME d’ici ne sont pas celles qui sont les plus actives sur les marchés étrangers.»
Pourquoi? En partie à cause de la situation géographique.
« Il y a deux chemins possibles pour s’épanouir à l’international. Il y a la régionalisation, lorsque les entreprises s’internationalisent dans des marchés qui sont tout près. Par exemple, pour une entreprise française, ce serait dans des pays d’Europe. Pour nous en Amérique du Nord, c’est bien sûr les États-Unis et le Mexique. Mais contrairement à l’Europe, nos voisins sont moins nombreux, donc si l’on veut profiter pleinement de l’international, il faut aller plus loin et se diversifier », explique Mme Veilleux.
L’autre chemin est la globalisation, c’est-à-dire aller au-delà de sa région et être présent dans les trois grands blocs économiques (Amérique du Nord, Europe et Asie).
Selon un sondage réalisé en 2011 par Léger Marketing, 86,4 % des entrepreneurs de la province mènent l’ensemble de leurs activités uniquement au Canada. Seulement un propriétaire d’entreprise sur cinq est actif dans le reste du Canada. Et parmi ceux qui sont présents à l’extérieur des frontières du Québec, la moitié y réalise moins de 20 % de ses ventes.
Les entrepreneurs québécois sont aussi moins actifs à l’international que ceux du reste du Canada. Seulement 13,6 % des propriétaires d’entreprises québécoises sont actifs à l’étranger, comparativement à 19,4 % dans le reste du Canada.
Avant de se lancer vers l’international, il faut bien sûr préparer le terrain et évaluer ses possibilités d’affaires. Il faut être capable de s’adapter, de se fixer des objectifs et d’avoir une capacité d’innovation. Une entreprise internationale génère normalement au moins 25 % de ses ventes à l’étranger.
Il n’y a pas de meilleur moment dans l’histoire d’une compagnie pour prendre de l’expansion, et ce, même si votre entreprise est en phase de démarrage – en bas de trois ans d’existence -. Il ne faut juste «pas avoir peur», affirme Mme Veilleux.
Même parier sur l’étranger pour une jeune entreprise pourrait s’avérer l’option idéale. « Le fait de miser sur un marché étranger rapidement, à l’intérieur de ses trois premières années d’existence, permet d’éviter d’avoir à faire face à l’inertie, être trop confortable dans ses pantoufles », conclut la professeure.
Au-delà des attentes
Près de 45 PME du Québec et de la Chaudière-Appalaches se sont inscrites au volet Rencontres individuelles avec des acheteurs lors de l’événement Alliance Monde Polymère 2014, avec l’objectif de développer des partenariats à l’étranger. «C’est sans grandes attentes que j’ai décidé de participer et je suis agréablement surpris du résultat. On a le sentiment que les acheteurs ne sont pas là par obligation et qu’ils ont un intérêt à développer des partenariats», a souligné Mathieu Arsenault, directeur du développement des affaires chez Rotoplast.
« On a rencontré des compagnies mexicaines et on a senti un intérêt de leur part. On a parlé de possibilités de soumissions. On a déjà des rendez-vous là-bas », a ajouté Yaneck Simon, chargé de compte chez Plastiques Moore.